Publié le 16 Janvier 2010

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J'ai une recette inédite en réserve sur le blog "Le foie de Porc à la Moissonnière (meissouniero)" ??? est ce que cela vous intéresse ?

- Canicule qui fond les pneus , malade du coeur tu te feras pas vieux -


photo du 16 janvier2010 08 h15

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Après sa déplorable expérience du scorpion et du sorcier (voir le jardinier à l’espère), il entreprit de faire les choses beaucoup mieux et plus professionnellement.

Las de guetter tous les soirs allongé sur une mauvaise couverture où les acariens subissaient la crise du logement, il eut recours à la technique du radar infra rouge avec un fil qui aboutirait dans sa chambre.


L’investissement fut modeste mais l’installation compliqué. Comme d’habitude il fit venir un « ami  électricien discret », mais que veux dire discret dans un si petit village. Cela lui coûta une bonne brouillade de truffes, et du vin cacheté ; et oui son « ami » avait le palais délicat, le vin de bonbonne ne lui convenait pas.


La rabasse passe encore, la saison avait été bonne, et il avait bien vendu cette année là, mais le vin cacheté ! Mazette, il était allé l’acheter assez loin de son village afin que personne ne le reconnaisse. Il voyait déjà les caroulés* s’estrasser* sur son compte : «  du vin cacheté maintenant qu'il achète!!!!  il y a une femme la dessous  dé ségu*».


L’installation en place, plusieurs réglages furent nécessaires, une fois trop bas, même les souris déclenchaient l’alarme, une fois trop haut et c’était le dugou* qui passait devant, bref les réglages lui coûtèrent cher en vin et les rabasses diminuaient.


Mais il couchait maintenant dans son lit, et à part quelques fausses alertes, il reprenait un peu du poil de la bête. Les appâts étaient diversifiés afin de faire « venir » les sangliers à portée de tir : pain sec, maïs, œufs durs, pommes de terres cuitent, croquettes pour animaux domestiques, mais tout cela faisait venir tout les habitants de la forêt proches : belettes, campagnols, dugous, chats, chiens, renards, blaireaux, enfin toute la forêt ripaillait sur son compte. Tout ce que les animaux nocturnes laissaient la nuit, les pies et les corbeaux le finissaient le jour. Les vols de corbeaux à heure fixe ne paissaient pas inaperçu au yeux curieux de la population du village : « oh il doit y avoir une charogne chez le fada la haut ».


Quelquefois il oubliait de regarnir les appâts, la tension se relâchait. Il se mit à calculer les hypothétiques passages futurs des sangliers,  selon la lune, le vent, la  pluie, même d’après les saints du calendrier.

Pour la première fois de sa vie depuis son certificat d'études il essaya de calculer, mais bon, l' arithmétique c'était loin maintenant.


Un jour, tout d’un coup il se mit à penser aux noix, bigre les noix, les sangliers adorent ça. Il entamât donc sa réserve de noix, cela allait éliminer quelques invités nocturnes et tant mieux. Et là miracle, les sangliers ne résistèrent pas à ce festin de choix. Par contre le jardinier en mettait tellement peu que les sangliers ne faisaient que passer et, celui-ci ne voyait que l’arrière train de ces bestioles disparaître dans la trouée de la végétation dense du sous bois.

Il modifia lui-même le positionnement du radar, au pif, et mit une plus grande quantité de noix selon un parcours bien défini qui amènerait les sangliers à l’endroit voulu.

Il avait eu quelques visites de la part du garde communal dit : « la Loi » qui voulait s’assurer qu’il n’y avait pas de charogne dans les environs bien que les vols de corbeaux avaient cessé depuis la pose des noix.

- Oh maistre, tu plantes de noyers maintenant !  faudrait voir à enterrer tes noix si tu veux qu’elles poussent, en plus tu les plantes bien près, tu veux faire une haie couillon, ah, tu devais être beau à voir vu les zig zag  de tes noix,

- et le cordeau tu l’a perdu ? Ça par exemple tu casses tes noix au soleil maintenant, il y a plein de coquilles vides, oh t’es pas un peu déboulonné du ciboulot, est ce radar il marche bien, tu vois passer les avions,  tè vé on rentre un peu au frais pour se remettre (oui se remettre c’est se taper un canon de vin ou plus, au frais sous la treille ou le mûrier, enfin pas au soleil, on marche à l’ombre ici).

- Il paraît que tu achètesdu vin cacheté ! oh y a une femme la dessous!

Bref celui lui coûta deux bouteilles

Putain il pouvait pas resté sur le cours , et sous les platanes , le garde, et surveiller les bars ? non mais !


Enfin un soir ténébreux le fameux radar détecta quelque chose, lentement il se leva les yeux encore plein de sommeil, il ouvrit délicatement le fenestron* et éclaira avec sa lampe de poche. Oui c’était bien eux, faisant des bruits peu discrets en décortiquant les noix, ils ne les voyait encore pas,  mais savait qu’ils approchaient en suivant le parcours sinueux des noix.

Il prit sa nouvelle carabine sans recul, les dents lui disaient, merci, merci, et épaula pour faire un carton. Une grosse bête se dessina dans la faible lumière de la lampe de poche, il était sur de ne pas la rater à cette distance, le doigt commença à appuyer sur la détente, et tout à coup il vit par miracle plein de tout petits marcassins qui suivaient leur mère, malheureusement la gâchette  était sensible le coup partit mais son coup d’œil vers les marcassins avait fait dévier l’arme légèrement, la laie ne fut pas touchée mais partit comme un boulet à travers ronces et broussailles, les marcassins s’éparpillèrent dans tous les sens et disparurent, sauf un qui s’était pris dans l’enclos du plant de cannabis et qui couinait en ne retrouvant pas la sortie.


Comme klaxon il n’y a pas mieux, c’est petit mais il devait avoir les piles neuves. Notre pauvre jardinier sortit tout penaud car il venait d’éviter la catastrophe, il alla vite dans l’enclos pour libérer le marcassin. C’est frères et sa mère était loin déjà, il n'avait aucune chance de les rattraper, et deviendrait une proie facile pour les charognards de la forêt.


Il était minuscule, et avait encore les petits sabots roses, quelques jours peut être, le jardinier le pris délicatement, mais vous savez dès que l’on soulève un cochon de terre il couine, et bien pour les marcassins c’est pareil, à part qu’il se raidit et que ses poils même à cet âge, sont semblables à un balai en fibres de coco.

Que faire ? Il le mit dans sa veste de pyjama et rentra dans la cuisine, mon dieu qu’il est petit, qu’est ce que je vais faire……………….

 


 

 

*caroulé : réunion de petites vieilles ou de petit vieux assis sur banc au soleil ou à l’ombre selon la saison mais toujours à heure fixe

*estrasser : éclater de rire, se tenir les côtes de rire

*dugou : grand-duc chouette

*fenestron ou fénestroun : petite fenêtre, diminutif de fenestre (fenêtre)

 

*dé ségu : de sûr

 

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Rédigé par jupiter

Publié dans #Galèjades

Publié le 15 Janvier 2010

2/8


Le jardinier à l’Espère 

 

Bien qu’ayant mangé un peu de sanglier, le jardinier avait toujours une dent contre eux. Cela lui avait coûté pas mal d’argent pour se faire remplacer sa dent par une en or.

Bien que n’ayant pas de chaîne en or qui brille sur son torse poilu, il avait une dent du même métal.

Les représailles de la famille du sanglier mort avaient été sévères. Dans son jardin défoncé par des dizaines de groins, il ne restait que les piquets des tomates, juste des bouts de bâton pour indiquer qu’à cet endroit il avait eu une plantation. Seule une plante de cannabis était encore debout, il construisit aussitôt une palissade pour protéger son petit trésor.

Il devait sévir maintenant et se rembourser sur la bête sa dent en or. Bien sûr il dû encore demander des conseils.

Un ami lui proposa de l’aider dans ses recherches avec son nouveau « adsl », quésaquo, à la recherche « braconnage » un monsieur Google lui dit : essayez plutot bronzage,

Oh fan de chichourle, bronzé il l’était déjà, mais le bronzage Marcel, devant son miroir il ressemblait à un panda avec deux bras noirs et une figure rouge avec la marque de la feuille de cannabis le jour où il s’était endormi au soleil, ou plutot à un ours blanc qui vient de plonger les deux pattes dans une mare d’Erika.

En premier, il lui fallait en nouveau lanceur de projectiles qui n’avait pas de recul et plus efficace,

 comme il avait puisé  dans sa pignatte* pour ses frais dentaire, il se fit prêter cet ustensile par un « ami » des bête à poil dur.

Il reprit donc ses longues nuits  d’espère* et se mit à l’eau et au café, il dormait le jour et veillait la nuit, négligeant ses repas, sa cuisine et son travail.

Il faisait « maigre » et se nourrissait de ce que la nature pouvait lui procurer, asperges, morilles, escargots,  grenouilles, salade sauvage et d’autres mets que je préfère taire.

Fini les cocottes fumantes et odorantes, les broches garnies, les légumes du jardin savoureux, les aïolis à se faire pêter le ventre, le couyen* qui vous donne une haleine de chacal, les rabasses* enivrantes, les repas entre amis d’où les femmes étaient exclues sous prétexte qu’elles cassaient l’ambiance « on est en Provence ne l’oubliez pas ».

Les sangliers devaient sentir que l’endroit devenait dangereux et dévastaient d’autres jardins et cultures, Dévastaient, et un grand bien mot, ils se nourrissaient tout simplement au plus facile.

De temps en temps le garde champêtre passait et lui demandait :
- où il en est ton jardin maistre ?

- oh tu as bien labouré, et tu vas planter quoi dans ces cratères ?

- et la marque, elle part pas sur ta figure, tu marque mal comme çà ?

Il avait comme réponse, quelque chose d’approchant le langage du capitaine hadock version Provence « je regrette mais je n’ai pas les caractères provençaux sur mon clavier ».

Il rêvait parfois encore de son jardin jadis, où les semences achetées à prix d’or à Tchernobyl lui donnait des légumes totalement bio ? Le temps où il mettait deux heures pour sortir une carotte de 50 kilos, aucun parasite n’osait attaquer ces légumes, sauf les sangliers.

Il entreprit de se faire un agachon* en pierre sèches et cela lui valu une piqûre d’un gros scorpion rosé. La visite chez le « sorcier » du village s’imposait car le doigt enflait et il avait un peu de fièvre. Le remède maison fit merveille, il ne pensait plus à sa piqûre vu qu’il avait une cagagne* d’enfer.


(à suivre)


*pignatte : trésor en pièces d’or caché sous la plaque de la cheminée dans une pignatte (marmite en terre)

*espère : affût la nuit

*couyen : reste de fromage enfermés dans une jarre qui subit une transformation malodorante asticoté.

*rabasses : truffes noires

*agachon : petit abri à ciel ouvert pour guetter le gibier

*cagade : diarrhée

 


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Rédigé par jupiter

Publié dans #Galèjades