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Publié le 19 Octobre 2008

Quelquefois je broie du noir, et ce cauchemar si réel revient sans cesse


Je ne lutte plus, le froid m'aspire, et je me laisse aspirer
Depuis fort longtemps des anges noirs guident mes pas,
Ceux-ci me sont familiers sans pourtant les connaître.
L'endroit où ils me mènent est toujours le même
L'enfer sur terre.
Tout est rouge, la terre, le ciel, l'air
Tout n'est que gémissements
Les arbres pleurent en sifflant de longues complaintes
de sèves bouillonnantes
Les plantes se tordent, les animaux fuient, s'enterrent, ou subissent cette terrible chaleur.
Rares sont ceux qui  peuvent s'en sortir
La majorité va mourir. Les oiseaux après un large demi cercle qui les éloigne
replongent délibérément dans le brasier. Les rongeurs, les tortues
tous les petits animaux du sous-bois vont périr.
Les mammifères en cherchant la fraîcheur dans les vallons
mourront asphyxiés par les nappes de gaz plus lourdes qui viennent s'y déposer.
J'y suis aussi avec trois de mes camarades, il est 14 heures,
nous sommes dans un petit chemin à St -------, il est 14 heures et il fait nuit en plein jour, la fumée terriblement épaisse nous plonge dans un brouillard opaque et brûlant, les phares sont inutiles, je stoppe le camion car nous ne voyons plus le chemin. Les Risques de tomber dans une fossé ou le ravin qui nous borde à gauche sont trop importants pour continuer en aveugle
Les rafales de vent sont déjà terriblement brûlantes,
le bruit des arbres broyés comme par un bulldozer nous parvient comme un sombre présage
Nous allons lutter pour notre survie, je pense à ma petite fille de 3 ans à l'époque.
La pompe de l'engin est à son maximum, quelques flammes apparaissent, mais l'eau de la lance  passe au travers  des gaz de distillation enflammés.

 

 

La partie est perdue, nous le savons, je dirige la lance canon vers le fossé où nous allons essayer de nous protéger sous la corolle (le vrai nom était la queue de paon, maintenant on dit sous la LDV, c'est encore moins jolie) d'eau de la lance, 4 minutes d'eau à 500 litres/minutes, une goutte d'eau dans cette tempête. Les flammes commencent à passer sous le camion, et je prie, je recommande ma fille au Seigneur, moi qu'importe, mais j'ai peur, nous avons tous peur, parmis mon équipage il y a un jeune sapeur pompier de 17 ans (l'âge légal était de 16 à l'époque) je l'avais persuadé de venir dans les pompiers, malheur, il ne disait rien, et depuis il ne m'a toujours rien dit ni reparlé de cette journée. Puis les  flammes infléchissent leur direction par une bourrasque imprévisible,et passent 10 mètres en avant. Merci mon Dieu.
Nous vomissons, nous sommes "choqués", couverts de cendres et de boue. La pompe du camion fonctionne toujours, il fait une chaleur d'enfer, c'est l'enfer, sans concertation nous commençons à arroser pour refroidir et éteindre ce qui est près de nous, puis plus d'eau, la fumée blanche succède à aux panaches marrons qui passaient il y a un instant encore . Il fait très chaud mais c'est supportable.
Nous resterons à cet endroit plus de deux heures complètement hébétés
sans voir âme qui vive, radio en panne , nous sommes terriblement "choqués" , vidés de tout influx vital, nous somme assis ou couchés dans les cendres blanches, ou appuyés contre les roues du camions

Il est 17 heures, un gradé passe qui nous demande si cela a été dur, nous n'avons même pas la force de l'injurier. Il ne voit pas que nous sommes blessés, dans la tête, dans le coeur,  les poils brûlés. Il ne voit pas que la couleur du camion a changée, il voit quoi, il voit qui ?
Casse-toi sale connard !!!

Quelques centaines de mètres plus en arrière (je ne l'ai su que plustard) il avait un camion aussi.  Ses occupants ont aussi échappé à cette fin tragique, ce camion venait du --- -- ------ .

3 semaines après,  ceux qui avaient échappé à cet enfer sur ce même camion trouvèrent la mort dans le massif du Tanneron, le feu épargne rarement deux fois, je pleure ces camarades, deux d'entre eux avaient le même âge que moi
Oui des camardes  morts calcinés, c'est atroce. Morts pour quelques hectares de collines !

Ceci est malheureusement une histoire vraie pas de la galèjade

Depuis je regarde le feu d'une autre façon , mais les anges noirs m'ont repérés, chaque fois que je retournais sur les feux de forêt.
Maintenant ces anges noirs se font plus discrets
Ils sont derrière, mais toujours là.
Je ne pense pas que ce soient les mêmes.
Je suis fidèlement tous les jours de ma misérable vie, mon Ange Blanc
Celui-ci reste toujours devant décalé un peu à ma droite.
Je ne vois que ses deux grandes ailes blanches.
Ces derniers temps je le vois s'éloigner un peu plus chaque jour
Il me fait un signe pour que je me porte à sa hauteur
Je ne vois plus le chemin
Les anges noirs sont derrière
La lumière de mon ange blanc n'est pas assez forte pour
estomper les ombres qui m'engluent un peu plus chaque jour.
La noirceur se rapproche.
Ce ne sont pas des anges, je le sais maintenant.
C'est la mort aux multiples facettes, qui comme une hyène
ne lâchera plus sa proie.

Déjà je sens un souffle froid, des odeurs délétères.
Non point l'humus où les mousses accueillantes m'attendent.
Endroit où tout le monde pourrait se laisser perdre.
Les faux sont là ? enfin je le pense, je ne me retourne pas.
Non ! Ne pas se retourner, même si mon ange est de plus en plus pâle.
Le suivre toujours , toujours !.
Ne pas céder à la facilité, pour vous laisser porter,
Par les ailes noires de votre destiné que vous avez acceptée . Mieux  vaut des ailes blanches rapiécées qu'un bel oiseau noir lustré.

 


Image d'illustration n'étant pas en relation directe avec le récit, mais cela se

passait aussi sur un feu de forêt du Var. Vous pouvez voir que la protection individuelle du personnel était dérisoire à l'époque. Il a fallut le tragique accident du Tanneron pour que "tous" les engins soient équipées de radios, qu'à bord des engins il y ait des ponchos aluminisés et des masque respiratoires

Actuellement les vitres des engins sont recouvertes d'un film évitant l'éclatement de celles ci, la cabine est refroidie  par une système de pulvérisation d'eau autonome, "l'habillement" est aussi totalement revu et bien conçu, les ponchos renforcés, les masques respiratoires ont été remplacé par un circuit d'air comprimé dans une bouteille et munis de 5 masques , un étant réservé à une victime civile éventuelle. Malgré tout cet équipement le drame de Vidauban en 2003 n'a pu être évité


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Rédigé par jupiter

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Publié le 17 Octobre 2008

Après la rouille aux foies de dorades, voici mot à mot la Rouille de la bible du miam provençal, le " Reboul"*

LA ROUILLE



"Pilez finement au mortier deux gousses d'ail et 2 piment rouges d'Espagne
Ajoutez gros comme nue noix de mie de pain trempée et exprimée ensuite ; le tout bien broyé, ajoutez 2 cuillèrées d'huile d'olives, et délayez cette pomade avec 2 décilitres environ du bouillon de la bouillabaisse.
Cette sauce  -- car c'en est réellement une  -- est servie en saucière, en même temps que poisson est les tranches"



On est donc loin de la mayonnaise pimentée que l'on vous sert habituellement dans un restaurant


* J B REBOUL chef de cuisine  "La cuisinière provencale"
Cinquième édition
Marseille Librairie P. Ruat
54, rue paradis


Pour demain ,petit exercice noté sur 20


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Rédigé par jupiter

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