Publié le 6 Avril 2017
A cette époque le ventre de la Provence ne criait plus famine depuis longtemps, la vie y était encore un peu rude sans plus, mais pas au point de faire une soupe de sardines
"Toute ressembllance avec des personnages vivant ou ayant existés et purement fortuite"
Cela me permet toutefois de vous raconter cette petite historiette
Dans les années 50 dans mon petit village un peu retiré de la côte , le poisson le moins cher et le plus consommé était la morue sèche évidemment, car facile à conserver et abondante
Toutefois régulièrement un poissonnier ambulant passait avec sa petite carriole, les poissons étaient maintenus relativement au frais sur un lit de glace, et au dessus un tourniquet à remontage mécanique agitait comme un ventilateur, des brins de ficelle pour tenir éloignée les mouches (merdum aussitox pondix)
Le choix n'était pas bien grand, mais je me rappelle encore que les gens pouvaient se payer de temps en temps des soles, pourtant nous n'étions pas riches.
Les poissons les plus vendus étaient toutefois les poissons locaux, et en saison c'était les anchois, les sardines , les maquereaux , mulets ou muge, saint pierre, congre, rougets, quelques crustacés et des céphalopodes.
Les moins chers étaient encore comme maintenant, les sardines et maquereaux.
Vous n'allez peut être pas me croire, mais le petite anecdote qui suit est "vraie".
"Lorsque passait le poissonnier, une dame de l’époque, décédée il y fort longtemps, venaient acheter invariablement 6 sardines qu'elle choisissait avec grand soin.
6 sardines ! On ne va pas loin avec ça, surtout qu'ils étaient deux en famille, elle et son fils. Cette dame était loin d'être pauvre, bien au contraire, c'était plutôt la pingrerie qui la faisait agir de la sorte, enfin, je pense.
Alors que nous achetions les sardines en bonne quantité pour faire de bonne grillade, ou pour les faire frire farinées. Cette dame réalisait deux repas pour deux personnes avec ses six sardines
A midi celles-ci étaient frites sans la tête
Le soir les têtes servaient à faire une simili soupe de poisson, avec force fenouil, ail, huile et bien d'autres choses gratuites, offertes par dame nature, plus évidement une bonne rouille
Les têtes ainsi préparées étaient passées au moulin à légume, et les résidus allaient au chat, qui lui aussi faisait deux repas, à midi les tripes, les écailles, et les arêtes
Le soir, les résidus de cette soupe
Rien n'était perdu, la mère et le fils vécurent très vieux, comme quoi bonne chère et longévité ne vont pas forcément ensemble.
Un jour je vous raconterais que certaines se servaient des écailles pour de faire de faux ongles............., si je ne suis pas mort
Les lois sont des toiles d'araignées à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent les petites.
Honoré de Balzac (1799-1850)