La Siestasse de l'aïoli à Barrette Rouge
Publié le 9 Janvier 2021
Ballard, James Graham (1930-2009)
Il y a encore quelques temps.............., on mangeait l’aïoli ou la bouillabaisse le jour précédent l'ouverture de la chasse dans une vieille bastide appelée la « Barrette rouge ».
Je vous passe les détails des trognes qui s’y réunissaient, tout cela pour vous dire que j’étais le seul présentable après, vu que je ne buvais que de l’eau, si si , c'est vrai.
Bref, je ne faisais pas vraiment partie des 3G* mais je participais activement surtout pour la cuisine, il faut bien des couillons !
Aïoli mémorable sous les mûriers évidemment, et qui dit aïoli dit huile, pastaga, vin et liqueurs, plus cerises à l’eau de vie...tout cela fatigue ! (1G)
Les blagasses à répétition, toujours les mêmes, les coups de poings sur la table, concours de pets, de rots, (ben, quoi ? j'appelle un chat, un chat !) enfin bref, tout fatigue, plus la fatigue de naissance que nous avons = sieste, et non pas pétanque, vu l’état des participants et puis les boules sont déjà au fond du bassin depuis l’apéro.
Bien sûr pas de voisins, - un aéroport fait moins de bruit-, sauf le chemin, qui relie le monastère de St Joseph à Notre Dames des Grâces où passaient quelques pèlerins (es ensuqua per marcha soulé dins lou camin souto lou soulèu*) - et qui regardaient cette bande de mécréants que nous étions.
Donc sieste obligatoire, le plus dur était de trouver un endroit convenable . Ici point d'herbe tendre , de pelouses moelleuses, de feuillages rafraichissants ou tout simplement un bon petit coin près d'un ruisseau qui glougloute discrètement.
Il n'y avait aussi que des « ne me quitte pas, nommé Paliure » genre les arnavets, argelas et autre tirasses, normal, ici tout pique !
Il fallait donc repérer son endroit pour une grosse sieste, à l’ombre, assez loin à cause des ronfleurs, et assez confortable,... là, c'est moins facile.
Vous avez remarqué, les couillons sont toujours les mêmes, ceux qui font la tambouille, ceux qui font la vaisselle, etc…je fais partie de ces couillons, donc tintin pour les bonnes places à l’ombre ! Enfin , un semblant d'ombre , car l'ombre est relative ici en Provence.
Je laisse donc la table en bataille, au moins, les guêpes vont se régaler, et je bondis lentement, vous avez déjà vu un provençal bondir ? - non cela n’existe pas dans notre dictionnaire - vers l’endroit que j'avais repéré.
Tchancrassin ! *, il y avait déjà une outre pleine de vin en train de souffrir atrocement au pied du mûrier vu les grognements, presque les râles de la mort qu'elle émettait. Et si je lui appuyais sur le ventre ? Non faut pas le faire, tant je lui pète l’embouligue* !
Toutes les autres places étaient occupées par les mêmes individus qui sciaient du bois aussi.
Je trouve enfin et assez loin, une place correcte sous un petit chêne blanc.
Après avoir enlevé les cailloux, oui, les cailloux repoussent tous les ans par ici, même s’il ne pleut pas, et après les avoir projetés au loin de peur qu’ils ne reviennent, si, si, ils reviennent, je m’allonge tant bien que mal.
- oh enculé*, je dors moâ !!! j'ai pas envie de me faire ensuquer* ! C’était juste l’écho des caillasses que j’avais jetées.
En principe j’aurai du répondre normalement sans insulte, juré ! - ta gueule connard ou je te pisse dessus -. Non j'en rajoute pas, Bigard ne fait pas pire et en plus vous payez !
Je ferme donc ma gueule (1G) pour éviter les représailles et me tortille pour éviter que les cailloux me fassent un massage gratuit du dos.
Bzz, Bzz – oh non putain de merde, des tavans merdassiers* !
oui, des petits vampires déguisés en mouches qui sucent le sang des animaux et des humains, en français, des taons.
Mais si vous connaissez, ces grosses mouches qui suçaient le sang des cheveaux , les anglois appellent cela "horsefly"
Séance de paires de baffes dans tous les sens, pour rien, - cassez-vous !
Bon, ils sont allés ailleurs piquer les outres à vinasse, ouf !
Les bras de Morphée m’enveloppent doucement et, aïe, ça pique, il y a toujours des aiguilles de pins ou d'autres choses qui piquent, c'est normal, mais là c’est un peut trop.
Inspection de la couche, rien de dangereux genre petits dinosaures ou crocodiles, on ne sait jamais...
Tchi, tchi, tchi – oh une cigale, j’y crois pas, il y a des milliers de cigales et des milliers d’arbres, celle-là elle a choisi « mon » arbre, vas-y que je te secoue les branches pour qu’elle se taille*, et bien sûr j’ai droit aux aiguilles de pin dans le cou, comme convenu. D'accord, je sais le pin fait pas d'ombre, mais on prend ce que l'on dans ces cas la.
Re-plouf, chez Morphée, je suis en train de rêver de l’aïoli qui est resté sur la table, il doit y avoir des salmonelles grosses comme des soucoupe de tasse à café qui rampent partout, re-aïe, ça pique et ça gratte, je doit faire une allergie aux œufs, il faut dire que les œufs étaient de provenances diverses, même certains je pense, avaient dû voyager dans les couloirs du temps.
Bon, inspection des parties concernées, oh putain la cagade, j’étais couché sur une fourmilière de fourmis rouges.
Bande de masos, je ne m’étais pas enduit de miel pour faire exprès !
Finie la sieste, j’en réveille un qui pourrait me faire partir toutes ces fourmis.
Néfaste erreur, bien qu’avinés, ces grands enfants, pardonnez-leur mon père, m’ont tout fait subir, même les salmonelles dans les cheveux, et ailleurs...
Direction le bassin d’eau verdâtre et épaisse, et comme je ne suis pas Jésus, j’ai coulé dans un mètre d’eau.
Résultat... des centaines de fourmis noyées, aco m’en fouti bèn pa mau*
Déplacement de la patrouille de pompiers* qui passe « par là » pour boire un coup et pour nettoyer tout le monde, table comprise.
* es ensuqua per marcha soulé dins lou camin souto lou soulèu : il est ensuqué pour marcher tout seul sur le chemin sous le soleil
Un article sera peut-être consacré à ce mot utilisé en Provence.
* m’en fouti ben pa mau : ça je m’en fous bien pas mal
perdigau* perdreau