Je me souviens d’un temps où la vie s’écoulait lentement, journellement sans précipitation
Les enfants étaient libres, ils allaient l’école à pied et rentraient de même, même l’hiver avec des journées courtes et des nuits précoces à 17 h 30, quelquefois 4 Km les séparaient de leurs lieux d’habitation
Je me souviens que les gens ne fermaient pas les portes à clés, on criait pour les appeler dans le couloir
Quelquefois on montait des provisions à des personnes âgées, spontanément, on attendait des directives nationales, l’entraide existait encore
Je me souviens des étés très chauds où le ciel devenait violet après trois jours de mistral, le goudron sentait le bitume liquide, nos espadrilles collaient à ces bitumes au grand dam de notre mère
Je me souviens du maréchal ferrant et l’acre odeur qui se répandait sur la place principale lors de l’ajustage des fers rouges au chevaux
Les cornues qui la veille des endumis (vendanges) restaient mises à gonfler dans toutes les fontaines du village
Les vieux paniers métalliques plein de cruches qui restaient au frais toute la journée sous les jets de nos nombreuses fontaines
On dégustait le temps, même si le travail était dur, point de braillerie à la TV quasi absente
Pas de matraquage marketing
Pas de surendettement
Juste des baignades en été dans des endroits interdits, mais au combien rafraîchissant
Des parties de cartes bien au chaud autour du poêle des cafés où les consommations étaient raisonnables
Les chapardages de récoltes à moitié autorisées par les paysans car on ne prenait que ce dont on avait besoin sur l’instant
Les cueillettes paisibles de champignons ou autres, histoire de perdre un petit chaperon rouge qu’on lutinait du haut de 15 ans
Des pères de baffes en rentrant, elle prenaient juste le relais de celle que l’on venait de prendre de l’instit
De la sempiternelle soupe non lyophilisés
Du goûter avec de bonnes confitures sans additif
On était svelte et Gaï, point d’obèse
Point de régimes
Je me souviens de courses épiques sur la route avec nos planches à roulettes, avec encore des baffes en rentrant
On respectait la « loi » unique garde champêtre débonnaire à souhait
Puis on basculait dans l’adolescence puis rapidement vers un mariage avec un seul salaire pour faire vivre la famille et faire des économies
Le travail était omniprésent même dans nos villages
Le futur n’était pas angoissant
ON VIVAIT TOUT SIMPLEMENT